Tony Parker a voulu être leur associé

Par choix, ils ont préféré garder le secret, y compris auprès de leurs collaborateurs. Timothé Odin et Louis Le Nevé, deux jeunes entrepreneurs d’Épinal avait pourtant des paillettes dans les yeux depuis l’enregistrement de l’émission Qui veut être mon associé, en septembre dernier mais diffusée seulement fin février. Cette émission de la chaîne M6 propose à de jeunes entrepreneurs de venir présenter leur concept de business devant quatre investisseurs réputés, pour les convaincre de s’associer avec eux en investissant dans leur affaire. Parmi les investisseurs cette saison, l’ancien international de basket français Tony Parker, star de la NBA, aujourd’hui reconverti avec succès dans le monde des affaires.

Affaire déjà bien rodée

L’aventure de Timothé Odin et Louis Le Nevé commence en 2020, lorsque les deux jeunes entrepreneurs, passionnés de sport, décident d’adapter le concept de la box cadeau en le faisant passer du monde de la mode ou des cosmétiques au domaine du sport : en accord avec différents équipementiers, la société achète des maillots de foot, de basket ou de rugby qu’elle emballe ensuite dans un colis mystère. Les clients reçoivent leur box sans savoir exactement ce qu’elle contient. Osé, le pari se révèle vite être une réussite. En seulement trois ans, Un Bon Maillot a expédié plus de 120 000 colis dans pas moins de 35 pays. L’entreprise dispose désormais de filiales en Allemagne et en Espagne et continue son développement. À l’affût de la moindre opportunité, Timothé et Louis lorgnent bien sûr sur l’émission de M6 : « On connaissait la réputation de l’émission, confie Louis. C’est une super occasion de trouver un ou une nouvelle associée. Nous avons découvert en fait quelques jours avant l’enregistrement que Tony Parker faisait partie du casting. On a réussi à ne pas se mettre de pression supplémentaire, sans se dire pour autant que ça nous faciliterait la tâche. »

Tension en plateau

Une star du sport pour booster une entreprise qui tourne autour des équipes de sport, du pain béni en apparence. Restait à faire ses preuves lors d’une émission qui ressemble plus à un grand oral qu’à la roue de la fortune. « Ça a beau être de la télé, tout ce qui se passe est véridique, poursuit Louis. Si on se rate, on prend le risque d’avoir l’air nul devant plus de deux millions de personnes. Rien n’est exagéré au montage, on a vraiment trois minutes pour se décider et il n’y a pas de deuxième prise. » Alors pour mettre toutes les chances de leur côté, ils font appel à un coach professionnel, pour parfaire leur présentation, trouver le bon ton, gérer leurs émotions.

Lors de l’émission, la présentation est habile, le ton est enjoué, convaincant. Mais Louis et Timothé n’arrivent pas à convaincre les investisseurs avec leur proposition. En face d’eux, des pointures du business qui n’hésitent pas à souligner les limites de leur concept, d’appuyer sur les choses à améliorer. Comme le fait que le nom de leur société sonne trop français pour un développement à l’international. Les deux jeunes entrepreneurs accusent le coup sans se démonter. Aucun des investisseurs dans un premier temps n’accepte les termes de leur proposition en se limitant à 5 % des parts de la boîte. À commencer par Tony Parker, qui explique qu’il tape dans la main de tous les équipementiers du monde et qu’il peut apporter son carnet d’adresses. La star du basket leur fait une autre proposition, plus ambitieuse, mais obligeant Louis et Timothé à céder un peu plus de leurs parts. Anthony Bourbon, l’un des membres du jury d’investisseurs les prévient : « Attention, il n’y a rien de pire que les regrets. Si vous refusez, je ne voudrais pas que le fantôme de Tony Parker vienne vous hanter à la fin de votre carrière quand vous ferez le bilan… » Les deux associés demandent un temps de réflexion et retournent en coulisse. Une scène qu’on leur ressort aujourd’hui, après la diffusion de l’émission : « On se fait rouspéter par tout le monde, car on a hésité à accepter la belle proposition de Tony Parker pendant l’émission. Certains nous disent : j’avais envie de vous tuer devant mon téléviseur ! »

Avenir radieux

Au final, ils acceptent la proposition de deux investisseurs : l’ancienne star du basket et la créatrice des Secrets de Loly, Kelly Massol, ont décidé d’acquérir 15 % chacun, soit une levée de fonds de 400 000 euros pour l’entreprise vosgienne. La suite ? La gestion d’une notoriété décuplée par un passage en prime time. Des milliers de nouveaux contacts qu’il faut transformer en vente. Mais surtout garder la tête froide pour continuer le développement déjà entamé avant l’émission. L’ambition est claire : avec 70 à 80 % de clients supplémentaires par mois, devenir le leader mondial. Dans quelques mois, Tony Parker viendra apporter du concret dans l’aventure en venant dans les Vosges. « Il s’est engagé en plateau devant des millions de spectateurs à venir nous rendre visite. Il n’a plus le choix et il est obligé d’honorer sa promesse. On l’attend ! Mais il faut laisser le temps que l’émission se termine. » Avec de telles perspectives, les idées de développement ne manquent pas, comme proposer des maillots de handball en plus du foot, du rugby et du basket. Et de la jouer plus que jamais collectif.

Élise De Grave