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Pierre-Louis Debroise : « Amazon ne craint pas l'échec »

À tout juste 30 ans, Pierre-Louis Debroise souffle déjà sa première bougie en tant que directeur du site de distribution d’Amazon Metz-Augny. Façon de manager, manière de travailler, loisirs… Qui est le décideur à la tête du plus important employeur privé de Moselle (4 000 salariés) ? Portrait.

Publié le 30/04/2024 à 12h48
Clock Lecture 3 min
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À tout juste 30 ans, Pierre-Louis Debroise souffle déjà sa première bougie en tant que directeur du site de distribution d’Amazon Metz-Augny. Façon de manager, manière de travailler, loisirs… Qui est le décideur à la tête du plus important employeur privé de Moselle (4 000 salariés) ? Portrait.
Publié le 30/04/2024 à 12h48
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Il y a plusieurs façons d’avoir 30 ans. Certains se cherchent encore, d’autres sont empreints de certitudes. Pierre-Louis Debroise est plutôt de ceux-là. « Je me vois rester longtemps chez Amazon », lâche-t-il sobrement. Le géant américain le lui rend bien : du haut de ses 30 printemps, il dirige déjà le site Amazon Robotics de Metz-Augny depuis lequel des dizaines de milliers de colis sont expédiés chaque jour. Pour mesurer l’ampleur des responsabilités, deux chiffres : le centre de distribution s’étend sur 182 000 mètres carrés, dont 52 400 m² au sol, et emploie plus de 4 000 personnes, ce qui en fait le plus important employeur privé de Moselle. Une vraie petite ville. Ça interpelle. « C’est la philosophie d’Amazon : laisser rapidement des responsabilités aux jeunes », explique Pierre-Louis Debroise.

En quelques années seulement, il gravit les échelons. « Je suis arrivé en 2015 dans le cadre d’un stage alors que j’étais en école d’ingénieurs à Lyon. Très vite j’ai été nommé responsable d’une équipe d’une centaine de collaborateurs sur le site de Montélimar », rembobine-t-il. C’est ensuite outre-Manche qu’il part s’aguerrir, du côté de Tilbury, une petite ville à proximité de Londres. L’expérience est un succès aussi bien professionnel que personnel. « Je conserve un souvenir mémorable de ce passage de 18 mois. J’ai pu travailler avec des gens issus de toutes les nationalités. C’est ce qui m’a marqué à Londres : on peut boire un verre dans un pub irlandais puis traverser la rue et manger mexicain et changer totalement d’ambiance. Les gens se croisent, vivent ensemble, sans aucun jugement. »

De retour en France, Pierre-Louis Debroise poursuit son ascension chez Amazon en participant à l’ouverture du site de distribution localisé à Bretigny-sur-Orge (Essonne) avant d’être nommé directeur des opérations à Augny en 2021. « J’ai occupé le rôle de bras droit d’Angeline Bilodeau [alors directrice du site] », précise-t-il.

L’année suivante, la Canadienne profite d’une mobilité interne pour retourner dans son pays natal et Pierre-Louis Debroise devient son successeur tout indiqué. Ni communiqué ni présentation officielle, son arrivée se fait en toute discrétion. On est en décembre 2022 et le jeune homme se retrouve aux manettes juste pour la période de Noël, le gros temps fort annuel du site.

« Je vais aussi emballer des commandes »

À partir de là, « le quotidien change un peu. C’est un poste très complet », commente Pierre-Louis Debroise lorsqu’on lui demande son emploi du temps depuis sa prise de fonction en tant que directeur. À lui désormais de gérer les relations avec les élus, notamment François Henrion, maire d’Augny, ainsi que François Grosdidier, premier édile de Metz. « Nous sommes un très grand groupe mais l’ambition est d’être identifié comme un acteur local. C’est pour ça que je m’implique dans la vie de la commune en participant à des actions auprès d’écoles par exemple. »

À lui de driver chacun de ses directeurs des opérations et de s’assurer que l’ensemble du groupe vit bien. « Il faut faire des choix. Je reçois de nombreuses demandes de salariés. Certains voudraient de la musique dans les étages, d’autres des salles de pause supplémentaires… Je regarde toujours ce qu’il est possible de faire et je sais aussi dire non lorsque j’estime que quelque chose est irréalisable. Mais je mets un point d’honneur à faire ce que je dis. Nous avons par exemple organisé une visite à destination des familles de tous les collaborateurs pendant quatre jours. C’étaient d’excellents moments, y compris pour moi puisque j’ai pu montrer l’univers dans lequel je travaille à ma famille », expose Pierre Louis Debroise.

Quant à ses techniques de management ? « En tant qu’entreprise américaine, Amazon ne craint pas l’échec et voit cela plutôt comme un apprentissage. Cela me permet de gérer le site à la manière d’un coach sportif. On peut tenter des choses », explique Pierre-Louis Debroise qui sait nouer des relations fortes avec ses collègues. « Je crois que lorsque l’on travaille cinq jours par semaine avec des gens depuis plus de quatre ans, on développe des affinités. L’important est d’être capable de se dire les choses quand il le faut. »

Et hors de question de ne pas mettre les mains dans le cambouis. « Durant cette période de pleine activité, chaque jour, je vais également avec l’équipe managériale emballer des commandes. Il est important de comprendre notre activité et soutenir l’ensemble des collaborateurs », explique-t-il encore. Quant à sa plus grande crainte ? « La panne. Si une ligne rencontre un souci et doit être arrêtée, chaque heure qui passe compte. Parce qu’à la fin cela se répercute sur le client final, avec du retard à la livraison. C’est comme si les portes d’une enseigne de grande distribution restaient fermées pendant plusieurs heures », livre le perfectionniste.

Tennis, vélo et Resto du Cœur

À côté de sa vie professionnelle qui prend une place importante, Pierre-Louis Debroise pratique un peu de tennis, même s’il confie être « meilleur en course à pied », et s’octroie quelques sorties au centre-ville de Metz, place Saint-Louis, notamment dans le bar Les Trois Fils. « Je suis Breton. Quand je suis arrivé à Metz, c’est la première place que j’ai vue. J’ai adoré. Et c’est resté. C’est particulièrement agréable l’été, lorsque les terrasses sont sorties. » Flâner dans les rues de Metz, mais pas uniquement. Le jeune homme est animé par des causes bien plus nobles. « Je suis volontaire aux Restos du Cœur. Quand je le peux, je vais distribuer des repas. » Un peu rêveur aussi : « Un jour, une personne de 75 ans m’a parlé de sa traversée de l’Afrique à vélo 40 ans plus tôt. Depuis, j’ai envie de le faire moi aussi. C’est un défi qui me parle car une fois par an je pars avec des amis pour des voyages à vélo. » Peut-être faut-il s’aguerrir encore un peu avant d’entamer une telle aventure. « Une fois, on a entrepris de traverser les cols des grandes Alpes. Quand on arrive à Metz, c’est un peu vallonné et donc mon vélo n’était pas adapté. Dès le premier col, j’ai compris que je n’irai jamais au bout. Je suis allé voir un vendeur qui m’a expliqué que mon vélo était tout juste bon à faire des tours de stade de foot, mais certainement pas adapté à la haute montagne », s’amuse Pierre-Louis Debroise.

Jonathan Nenich

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