Le dernier fabricant de chalumeau de France met tout en place pour que son savoir-faire perdure dont un centre de formation en interne. Basé à Nancy, et reconnu « entreprise du patrimoine vivant » (EPV) par l’État, Hampiaux le Lorrain a mis en place un plan d’investissement de 2 millions d’euros pour poursuivre sa croissance.
À Nancy, Hampiaux le Lorrain, le dernier fabricant de chalumeaux de France, a des allures d’irréductibles Gaulois. « Nous faisons tout pour conserver et pérenniser ce savoir-faire qui disparaît dans notre pays », affirme Alexandrine Charonnat, la dirigeante de la structure de 40 salariés basée à Nancy. Pour ça, l’entité fondée en 1946 a ouvert depuis un an son propre centre de formation certifié Qualiopi : « Nous avons déjà accueilli une centaine d’apprenants qui ont suivi 300 heures au sein de nos cursus », poursuit Alexandrine Charonnat. L’objectif est de former les soudeurs, distributeurs, entreprises ou responsables QHSE (Qualité, hygiène, sécurité, environnement) à l’utilisation de matériel de soudage au chalumeau qui permet de réaliser des travaux particuliers. « Nous subissions beaucoup de retours de notre matériel, non pas parce qu’il faisait défaut, mais parce que les opérateurs ne parvenaient pas à l’utiliser de la bonne manière. »
Grâce à ça, l’État a octroyé à l’industriel meurthe-et-mosellan qui réalise un chiffre d’affaires annuel de 9 millions d’euros, le label « Entreprise du patrimoine vivant » (EPV). Décerné par le ministère de l’économie, des finances et de la relance, ce label vient reconnaître les compétences de l’industriel. Les critères d’évaluation comprennent la détention d’un patrimoine économique spécifique, la maîtrise d’un savoir-faire d’exception d’une complexité et d’une haute technicité, ainsi que l’engagement en faveur de la formation et de la transmission de ce savoir-faire. En France, 1 700 entreprises sont labellisées EPV. Elles cumulent 65 000 employés et réalisent 14,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires. « C’est un label honorifique qui peut tout de même nous permettre d’être favorisé dans l’obtention de certaines aides du gouvernement », reconnaît la chef d’entreprise.
Grâce à son savoir-faire, Hampiaux le Lorrain parvient à adresser plusieurs marchés : de l’industrie lourde ou navale, à la joaillerie, qui réclame un travail de précision extrême… « Nos chalumeaux ont de nombreuses applications. Cette année, nous avons été sollicités pour des projets concernant le traitement de l’eau, ou la lutte contre les moustiques… Partout où il y a du gaz conditionné, il y a de l’activité pour nous. »
Portée par sa croissance et son besoin constant de nouveaux talents – Hampiaux le Lorrain a recruté huit salariés supplémentaires depuis novembre 2023 et cherche à atteindre 50 employés d’ici 2025 – l’entreprise prévoit de déménager au deuxième semestre 2024. Direction Heillecourt en Meurthe-et-Moselle (à proximité de Nancy), dans des locaux plus grands qui permettront à la société de trouver son second souffle. « Nous allons pouvoir revoir et moderniser nos outils de production, mais également investir dans de nouvelles machines plus performantes. Nous ambitionnons de nous tourner vers les marchés de l’agroalimentaire et du médical », tease Alexandrine Charonnat qui n’en dira pas plus concernant ces nouveaux marchés potentiels
Au total, Hampiaux le Lorrain prévoit d’investir 2 millions d’euros en 2024 et de continuer à s’internationaliser. La structure réalise déjà 60 % de son chiffre d’affaires dans 60 pays, notamment en Afrique du Nord, en Afrique subsaharienne et au Moyen-Orient, mais rêve désormais de s’ouvrir à l’Amérique du Nord.
Jonathan Nenich