Sa démission a eu l’effet d’une bombe. Le groupe Stellantis a annoncé, ce 1er décembre, que Carlos Tavares, le directeur général du constructeur automobile n’irait pas au bout de son mandat. Son départ qui prend effet immédiatement ne laisse pas indifférent en Moselle.
Pour une surprise, c’est une surprise. Attendu le 16 décembre prochain pour sa traditionnelle visite de fin d’année, Carlos Tavares ne rencontrera pas les 2 200 salariés des usines de Trémery et Metz-Borny. « Dans l’usine, tout le monde se pose des questions. Ce départ provoque beaucoup de remous », annonce d’emblée Philippe Petry, délégué syndical CFDT pour le pôle industriel mosellan où sont notamment fabriqués les boîtes de vitesses à double embrayage électrifié ainsi que les moteurs électriques via deux coentreprises : Emotors et E-transmissions. « Stellantis a besoin du site industriel mosellan pour réussir sa transformation vers l’électrique. Mais le départ aussi précipité de Carlos Tavares est sujet à interrogation. Pourquoi à ce moment-là ? Pourquoi aussi rapidement ? », poursuit-il.
Le constructeur a annoncé que processus de nomination du nouveau CEO permanent, géré par un comité spécial du conseil d’administration, est en bonne voie et aboutira au cours du premier semestre de 2025. Dans l’intervalle, un nouveau comité exécutif temporaire, présidé par John Elkann, sera mis en place. « Nous connaissions la stratégie menée par Carlos Tavares. Nous pourrons mesurer l’impact de son départ lorsque nous connaîtrons mieux son remplaçant pour les mois à venir, puis quand nous aurons l’identité du nouveau directeur général. Nous nous demandons ce que nous allons nous réclamer et attendre de nous sachant que l’objectif du groupe sera de faire remonter en Bourse l’action de Stellantis. »
Carlos Tavares avait fait de la Moselle l’un de ses points de chute favori pour détailler la stratégie du groupe. Qu’en sera-t-il de son remplaçant ? « Je souhaite le meilleur avenir pour cette usine qui a de nombreuses cartes en main. L’automobile est une industrie avec un marché hyper concurrentiel en France, en Europe et dans le monde. La tendance de fond est d’avoir une diminution des véhicules thermiques, donc la taille de l’usine de Trémery va continuer à baisser. On va arrêter les activités de moteurs qui auront duré 30 ans. C’est normal et c’est l’évolution aussi, car un véhicule électrique est plus simple à faire qu’un véhicule thermique. Mais je suis confiant pour l’avenir », a confié Emmanuel Ehrardt, le directeur du pôle mosellan.
Jonathan Nenich et Arnaud Demmerlé