Huawei arrive en Alsace

Tant attendue, la voici enfin. La fin des travaux de la première usine Huawei, pour la production d’antennes, à poser le pied hors de Chine, le fera en Alsace, à proximité de Brumath (Bas-Rhin), est prévue d’ici fin 2025 pour une ouverture en 2026. À la suite d’une arrivée en 2003 en France, le groupe a ouvert un centre de recherche fondamentale en mathématiques et cinq centres de recherche et développement, dont un centre mondial de design à Paris. L’annonce d’une expansion alsacienne, faite le 4 décembre 2023 par le directeur général adjoint France du géant des télécoms chinois promet des emplois et une nouvelle dynamique locale. « L’ambition, c’est produire de 1 milliard de marchandises par an avec 300 emplois et 500 à la terme. Et fabriquer en France pour fournir l’ensemble du marché européen », précise Minggang Zhang.

Huawei doit investir 200 millions d’euros dans ce projet alsacien, stratégiquement placé sur le carrefour de l’Europe. Plus précisément, c’est sur la plateforme départementale d’activités de Brumath, une zone située entre Mommenheim et Bernolsheim que les travaux sont en cours. Ils accueilleront bientôt le complexe industriel. « Il s’agit de la principale zone d’activité du territoire de l’agglomération, et l’une des principales en Alsace. Elle a été conçue il y a une vingtaine d’années pour accueillir des projets industriels et des projets logistiques structurants. Huawei fait partie de ces projets structurants », explique Dominique Platz, directeur du développement économique au sein de la communauté d’agglomération de Haguenau lors de la présentation de l’évolution du projet. Cette usine de 60 000 m² implantée sur huit hectares est annoncée par Huawei comme « écologique ». Côté ouvrage, c’est Bouygues qui avait remporté le contrat lors de l’annonce d’installation de l’entreprise chinoise.

Le complexe devrait produire, après sa sortie de terre, des équipements pour réseaux mobiles, notamment la 5G. Un objectif visé même si le pays voisin, l’Allemagne, envisage d’interdire les pièces fabriquées par Huawei et par ZTE, autre constructeur chinois, dans ses réseaux 5G à partir de 2026. Et que la Commission européenne a appelé les 27 pays membres et les opérateurs télécoms à exclure de leurs réseaux mobiles ces deux fournisseurs qu’elle juge à risque pour la sécurité de l’UE. En France, Huawei revendique actuellement une part de 20 % du marché des infrastructures télécoms, malgré les fortes restrictions issues de la loi dite « anti-Huawei » de 2019, visant à prémunir les réseaux français de « risques d’espionnage, de piratage et de sabotage » permis par la 5G. Selon une étude du cabinet Astères, l’empreinte économique de Huawei en France s’élevait à 2,5 milliards d’euros en 2021 pour près de 10 000 emplois. En 2021, le chiffre d’affaires en France était de 936 milliards d’euros. 

L’implantation de Huawei en Alsace avait été annoncée fin 2020. Au moment de sa présentation début 2021, Jean Rottner, l’ancien président LR de la Région Grand Est soutenait le projet. Huawei, disait-il, est un « industriel comme un autre » et ne doit pas, à ce titre, subir « un traitement de défaveur ».

Marine Dumeny