Cette centrale de stockage par batteries doit permettre à la plateforme industrielle de Carling-Saint-Avold de devenir une véritable écoplate.
Au pied de la tour aéroréfrigérante de la tranche 6 encore en activité de la centrale à charbon Émile Huchet, la plus importante centrale de stockage d’énergie par batteries du Grand Est a été inaugurée lundi 9 décembre en présence de nombreux élus. Elle « incarne notre ambition de transformer le site Emile-Huchet en une véritable éco-plateforme dédiée à la production d’électricité », indique Frédéric Faroche, le président de GazelÉnergie qui présente cette centrale comme étant la quatrième plus importante de ce type en France.
Porté par le producteur et fournisseur d’énergie GazelÉnergie et le spécialiste des énergies renouvelables Q Energy, le projet est doté d’une capacité de stockage de 44 mégawattheures. Il facilitera l’intégration d’énergies renouvelables, stabilisera le réseau et contribuera à réduire la volatilité des prix de l’électricité avec une capacité équivalente à la consommation quotidienne de 10 000 personnes.
Concrètement, ces batteries connectées sur le réseau permettent de stocker l’électricité – notamment générée par les installations éoliennes et solaires – lorsque la production est supérieure à la demande pour la réinjecter au besoin pendant les périodes de tension. « Elles ont par ailleurs pour vocation de rééquilibrer l’énergie sur la journée. Il y a des moments où il n’y a pas de vent, pas de soleil, ce qui entrave la production d’énergies renouvelables des parcs éoliens et solaires. Dans ces moments-là, ou quand il fait particulièrement froid, il est bénéfique d’avoir de l’électricité stockée prête à être utilisée », se réjouit Frédéric Faroche.
« Il s’agit d’un équipement unique qui nous permet de domestiquer l’intermittence des énergies renouvelables. Nous vivons le passage des énergies d’hier à celle de demain », résume de son côté François Werner, vice-président de la Région Grand Est en charge de la transition énergétique. Cette centrale de stockage composée de 24 conteneurs de dernière génération est le résultat d’un investissement de 20 millions d’euros et constitue la première phase d’un projet qui aura un tout autre visage dans les 18 mois à venir. « Une seconde phase de 65MW a été décidée début décembre par GazelÉnergie, portant la capacité de stockage du site à 100 MW d’ici 2026. Émile Huchet est en train de devenir l’un des plus importants hubs de stockage d’électricité en France », précise Frédéric Faroche. Ce deuxième étage de la fusée nécessitera un investissement de 30 millions d’euros.
Même si le projet ne génère que peu d’emplois, « c’est aussi une réussite humaine qui atteste que le site Émile Huchet est engagé dans sa reconversion », clame de son côté la sénatrice de la Moselle Catherine Belhriti. « Cette ferme de batteries viendra rééquilibrer le réseau électrique et répondre aux variations de l’offre et de la demande. Mais elle envoie aussi un signal en faveur de la réindustrialisation », rappelle Salvatore Coscarella, président de la communauté d’agglomération de Saint-Avold.
Alors que l’hiver pose son manteau sur la France, la tranche 6 de la centrale à charbon Émile Huchet tourne à plein régime pour assurer la continuité du service électrique. En attendant sa reconversion : pour rappel, le gouvernement s’est fixé pour objectif de sortir définitivement du charbon.
Mais dans le brouillard politique actuel, difficile encore d’y voir clair. Le propriétaire du site GazelÉnergie a mis sur la table de l’État un projet de reconversion autour du biogaz. Sous cette forme, la réhabilitation d’Émile Huchet coûterait 100 millions d’euros au producteur d’énergie qui emploie 500 salariés en France dont une centaine en Moselle, mais doit être validée par le gouvernement. « Nous espérons une réponse au premier trimestre 2025. Nous préférons réussir à convaincre tout le monde calmement, que de nous précipiter », affirme Frédéric Faroche. Une telle transformation assurerait la pérennité de la centrale qui sortirait du charbon, mais permettrait également de maintenir les emplois. « La solution proposée par GazelÉnergie a l’air de faire consensus. La France a besoin de cette centrale qui tourne en ce moment même », ponctue Antonin Arnoux, directeur du site Émile Huchet.
Jonathan Nenich