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Nathalie Vaxelaire : « J’aimerais que lorsque des choix économiques sont réalisés, nous soyons systématiquement consultés »

Nathalie Vaxelaire, 56 ans, est la nouvelle présidente de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) en Lorraine. RSE, emploi, place des femmes dans l’industrie… Cette admiratrice de Marie Curie, également à la tête de la société Trane dans les Vosges (700 collaborateurs), fait le point sur le contexte industriel du moment, mais aussi sur ses ambitions à la tête du syndicat patronal qui réunit 1 600 entreprises.

Publié le 15/04/2024 à 12h58
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Nathalie Vaxelaire est la première femme présidente de l'UIMM Lorraine.
Nathalie Vaxelaire, 56 ans, est la nouvelle présidente de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) en Lorraine. RSE, emploi, place des femmes dans l’industrie… Cette admiratrice de Marie Curie, également à la tête de la société Trane dans les Vosges (700 collaborateurs), fait le point sur le contexte industriel du moment, mais aussi sur ses ambitions à la tête du syndicat patronal qui réunit 1 600 entreprises.
Publié le 15/04/2024 à 12h58
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Depuis le 4 avril, vous avez pris la succession de Hervé Bauduin à la présidence de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) Lorraine. Vous arrivez à un moment charnière alors que la nouvelle convention de la métallurgie vient d’être adoptée. Quel a été le rôle de l’UIMM Lorraine dans sa mise en œuvre ?

Nathalie Vaxelaire « Cette nouvelle convention correspond à un immense chantier commencé en 2023 et qui se poursuit cette année puisqu’il reste des points à affiner. Nous sommes passés de plus de 90 conventions territoriales à une seule nationale qui est beaucoup plus simple avec notamment une classification des postes qui est devenue unique et une même rémunération minimale partout. Avant, les entreprises qui disposent de sites sur tout le territoire devaient appliquer des règles différentes en fonction de la région. Le gouvernement a souhaité une simplification administrative et nous y sommes parvenus avec cet outil qui a fait l’unanimité des syndicats. L’UIMM Lorraine est intervenue au niveau de l’UIMM national pour élaborer cette nouvelle convention qui vient inscrire les relations entre les employés et les employeurs. Il a fallu accompagner nos adhérents, leur expliquer chaque changement par rapport à ce qu’ils connaissaient jusque-là. Nous continuons de les conseiller. »

À l’échelle lorraine, que pèse l’UIMM ?

« L’UIMM Lorraine est un syndicat qui représente 1 600 entreprises et 5 000 salariés. J’ai intégré l’UIMM en 2011 et j’ai été présidente déléguée de l’entité pendant 5 ans, jusqu’à mon élection à la présidence. »

Avez-vous déjà élaboré une feuille de route pour votre mandat de trois ans  ?

« Je vais m’appuyer sur les fondations bâties par mes prédecesseurs. Je compte continuer de développer les services que nous proposons aux adhérents, comme l’audit RSE (responsabilité sociétale des entreprises) que nous avons instauré l’année dernière. Il permet aux industriels de se situer par rapport à leurs engagements sociétaux et environnementaux et leur permet éventuellement de s’améliorer pour être en phase avec ce que demandent les clients. La politique RSE mise en place est devenue un véritable critère de sélection pour les clients. Nous avons par ailleurs lancé un outil baptisé « L’industrie Connecte ». Il permet de créer des groupes de travail afin de réunir les dirigeants qui souhaitent progresser sur des problématiques particulières. Sur l’énergie notamment. L’ambition est de proposer des temps d’échange pour favoriser le partage d’expérience, autour de l’installation de panneaux photovoltaïques par exemple. En tant que présidente de l’UIMM Lorraine, j’aimerais aussi que lorsque des choix économiques sont réalisés dans la région, nous soyons systématiquement consultés. Je considère que nous sommes une pierre à l’édifice. »

Avec la RSE et la décarbonation, l’autre enjeu, c’est l’emploi. Que proposez-vous pour développer la formation industrielle ?

« Nous travaillons en étroite relation avec le pôle formation de l’UIMM qui est un organisme à destination des adhérents de l’UIMM par rapport à leurs problématiques liées aux compétences. Aujourd’hui, exercer un métier dans le même contexte toute sa carrière professionnelle n’est plus possible. Il faut donc former les jeunes, les demandeurs d’emploi, mais aussi les salariés. Nous devons inventer les formations qui n’existent pas encore, autour de l’intelligence artificielle (IA) dont on ne parlait pas il y a encore trois ans, par exemple. Nous avons également mis en place le « pass nucléaire » pour mettre l’accent sur l’attractivité des métiers du nucléaire [la filière aura besoin de 100 000 emplois supplémentaires dans les dix ans].

Par ailleurs, la formation est un facteur de succès dans le cadre de la succession : il faut préparer l’alternant qui remplacera le salarié lors de son départ à la retraite. Plus de 1 800 jeunes sortent chaque année du pôle de formation de l’UIMM Lorraine, avec des diplômes allant jusqu’à celui d’ingénieur.

Avec l’UIMM, nous allons rendre visite aux collègiens pour leur montrer ce qu’est l’industrie. L’idée, c’est d’éveiller, de changer le regard qu’ont encore certains sur nos métiers. C’est aussi pour cela que nous organiserons l’événement Show Industrie en novembre prochain à Metz Expo : il permettra aux familles de rencontrer l’industrie. Pour changer les idées reçues, c’est un travail de fourmi, quotidien. »

Vous êtes par ailleurs au Conseil national pour la mixité et l’égalité professionnelle dans l’industrie. Les femmes ont-elles trouvé leur place dans l’industrie ?

« Avec ce Conseil nous travaillons auprès du ministère de l’Industrie. Nous avons publié un guide des bonnes pratiques à destination des entreprises qui souhaitent s’en saisir. Nous renvoyons aussi vers des associations qui existent et qui aident les jeunes femmes à se tourner vers des carrières industrielles. Les femmes représentent actuellement 30 % des effectifs industriels et je crois qu’il faut promouvoir les images de ces femmes qui s’éclatent. »

En tant que présidente de l’UIMM, mais aussi de Trane dans les Vosges (filiale du groupe américain Trane Technologies), vous faites justement partie de ces femmes qui « s’éclatent ». Quelle a été votre carrière professionnelle ?

« Je suis la première femme élue présidente de l’UIMM Lorraine alors je crois que c’est un bel exemple de mixité. J’ai démarré ma carrière au sein du cabinet d’audit Ernst & Young. Mon rêve était d’être experte-comptable, mais dès 1994 j’ai pu intégrer Trane dans les Vosges. Je pensais qu’une expérience dans une entreprise à la dimension internationale qui fait du chauffage, du conditionnement d’air, des climatiseurs et des pompes à chaleur serait une belle expérience. 30 ans plus tard j’y suis toujours… Aujourd’hui, ce groupe que je préside depuis 2011 compte 700 collaborateurs à Golbey et à Charmes. »

Si vous deviez définir l’industrie, comment feriez-vous ?

« Je dirais que sans l’industrie, rien ne sera possible. Nous inventons les produits qui rendront possible la décarbonation globale de la société. Chez Trane Groupe par exemple, nous avons développé les outils nécessaires à l’électrification du chauffage. L’industrie c’est le futur : c’est inventer, développer, construire, bâtir tous les jours des produits nouveaux. C’est la colonne vertébrale de l’économie du territoire. »

Vous êtes admirative du parcours de Marie Curie. Pourquoi ?

« C’est une femme engagée, passionnée, sans qui beaucoup d’applications ne pourraient exister, comme la radiographie. Un véritable modèle ! »

Propos recueillis par Jonathan Nenich

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